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Titre du blog : Médias Justice
Auteur : SemtobFK
Date de création : 06-06-2008
 
posté le 30-04-2009 à 00:50:31

LES OBLIGATIONS DES MEMBRES DE L'ONU : une réalité !

Sri Lanka,

un cas d'inégalité politique

SOURCE : TamilNet, 04. Juillet 2008 15:44 GMT


En contraste aigu avec la définition de Colombo de la lutte de l´Eezham en tant que terrorisme, Frances Stewart, directrice du centre de recherche CRISE basé à Oxford, définit elle la crise comme un cas d'inégalités de pouvoir politique entre les Tamouls et les Cinghalais. Dans un entretien pour le ‘Human Rights Tribune’ paru jeudi, elle déclare que: «les inégalités horizontales ont une dimension politique, économique, sociale et culturelle… Les inégalités de pouvoir politique, qui sont très importantes, quand un groupe a tout pouvoir sur le système politique, et que l´autre n´y a aucun accès, c´est là plus ou moins la situation au Sri Lanka.»

C´est ce que Mme Stewart a déclaré dans son entretien avec le correspondant d´IPS (Inter Press Service) Michael Deibert, qui l´a interrogée quant à une publication du centre de recherche CRISE (Centre for Research on Inequality, Human Security and Ethnicity) intitulée «Inégalités horizontales et conflits: comprendre la violence de groupes dans les sociétés multiethniques» qui sera publié prochainement.

Le centre CRISE, dirigé par Mme Stewart est un centre de recherches sur le développement de l'université d'Oxford, soutenu par le service du gouvernement britannique pour le développement international (DFID - British Government Department for International Development).

Frances Stewart, directrice du centre de recherche sur l'inégalité, la sécurité humaine et l'ethnicité [Photo - www.iisd.ca]

 

Répondant à une autre question sur les mesures qui devraient être prises par les gouvernements et les institutions internationales pour s'attaquer à ces inégalités et prévenir les conflits à l'avenir, Mme Stewart a déclaré:

«Cette question a, plus que toute autre, été gravement négligée par la communauté internationale. Si vous considérez les méthodes politiques normales que nous préconisons, telle que la démocratie, en disant que les pays doivent être démocratiques et qu´ils doivent avoir plusieurs partis, nous ne pensons pas aux implications entre les groupes.»

«La démocratie peut mener à une situation dangereuse dans une société multiethnique à moins que vous ne l'accompagniez de mesures politiques visant à protéger les groupes. Si vous avez un groupe qui se retrouve en majorité, il est en mesure de supprimer les libertés d'un groupe minoritaire», déclare Mme Stewart.

«Sur le plan politique, ce qui est nécessaire, c´est la reconnaissance de l'importance de la distribution du pouvoir parmi les groupes, afin qu´il n´y en ait pas un en possession du pouvoir exclusif.»

Un document de travail du centre CRISE présenté par Mme Stewart, intitulé «Les inégalités horizontales: une dimension négligée du développement», disponible sur le site internet du centre, révèle que la recherche est fondée sur l´étude de neuf cas, en Afrique, en Asie et en Amérique latine.

Le document affirme que l'inégalité horizontale a provoqué une variété de réactions politiques, allant de conflits graves, durables et violents (Ouganda, Sri Lanka, Afrique du Sud, Irlande du Nord), en passant par des rébellion moins grave (Chiapas), les coups d´État (Fidji), les émeutes périodiques et la criminalité (États-Unis), les émeutes raciales occasionnelles (Malaisie) et un niveau élevé de criminalité (Brésil).

«Lorsque l'identité ethnique coïncident avec l´identité économique et sociale, et quel que soit le genre d'instabilité sociale – l´ethnicité devient un agent de mobilisation, et quand cela se produit, les divisions ethniques sont renforcées. Sri Lanka en est un exemple frappant; le Chiapas en est un autre,» est une des conclusions du document de travail.

Toutefois, le problème principal dans l'analyse du développement par le centre CRISE est qu´il est fondé sur la thèse que les Tamouls étaient mieux placés dans le développement que les Cinghalais sous la domination britannique, affirme un analyste du développement sri-lankais à Colombo contacté par TamilNet.

Le document du centre de recherche CRISE met sur le même plan le Sri Lanka, la Malaisie, l'Afrique du Sud et l´Ouganda, et déclare que ce sont des situations où les détenteurs du pouvoir politique représentent ceux qui en sont démunis.

L´article affirme que la politique du gouvernement visant à combler l'écart au Sri Lanka a provoqué des actes de violence grave car ces mesures politiques étaient culturelles (décisions politique quant aux langues) et économiquement invasives et que la concentration géographique des Tamouls dans le Nord-est a favorisé l´exigence d'indépendance en opposition au cas des Indiens sur les îles Fidji.

Le document compare et oppose le Sri Lanka et la Malaisie:

«Les pays ont apparemment commencé à partir d´une situation similaire, avec une majorité politique en désavantage économique, mais alors que la tentative de corriger cette situation en Malaisie a été couronnés de succès, elle a provoqué la guerre au Sri Lanka.»

L´article poursuit avec des statistiques sur l'éducation et l'emploi dans le service public au Sri Lanka et fait valoir que les politiques gouvernementales pour amener une égalité horizontale en redistribuant les meilleurs postes détenus par les Tamouls auparavant, ont été couronnés de succès, mais ont provoqué la crise.

Mais, selon l'analyste de Colombo, les meilleurs postes détenus auparavant par les Tamouls dans l'éducation et la fonction publique, ne signifie pas qu'ils étaient plus développés. C´est se laisser prendre à nouveau par la propagande sophistiquée de l'État sri-lankais qui justifie ainsi son programme génocide. Non seulement les groupes d'étude internationaux, mais même certains intellectuels tamouls Colombo-centriques ont été pris à l'appât,

dit-il.

«L'éducation et la fonction publique n'ont jamais représenté une économie pour les Tamouls dans leur propre pays et n'ont jamais contribué à une accumulation de capital dans les zones tamoules.»

«Une autonomie économique n´a prévalu dans les zones tamoules qu´au temps des Hollandais. À cette époque, il y avait des Tamouls d´Eezham en mesure de rivaliser avec les fonctionnaires de la compagnie hollandaise des Indes orientales pour obtenir des contrats de plongée aux perles.»

La période britannique a marqué un déclin et par là la disparition du commerce extérieur des Tamouls. Et il observe que «l'économie des Britanniques fondée sur les plantations a uniquement contribué à une accumulation de capital à Colombo et a rendu les Tamouls dépendant de celle-ci.»

Les ports et infrastructures de communication des régions tamoules, qui sont d'une importance vitale pour le développement, ont été négligés sous le règne Britannique.

«Par exemple, le chemin de fer qui a été mis en place dans le Sud du Sri Lanka en 1864, mais il qui n´est parvenu à Jaffna qu´en 1905. Les routes côtières reliant les zones tamoules n'ont jamais été développées. Même la route du littoral, de Jaffna à Colombo a été abandonnée dans la période britannique.»

Et si on examine plus amplement la situation, on peut dire qu'il n'y avait pas eu d'urbanisation dans les zones tamoules sous la domination britanniques.

Le dernier afflux de population vers les zones tamoules a eu lieu sous les Hollandais, si on excepte les programmes de colonisation du régime Cinghalais. «Le fait que la population aie quitté les zones tamoules et les centres urbains depuis les temps britannique indique uniquement qu'il n'y avait pas de développement.»

En définissant l'éducation comme indice de développement, l´analyste déclare qu´elle a effectivement été mise en place l'éducation dans les zones tamoules par la mission américaine, dont les Britanniques voulaient minimiser le rôle à ce moment-là en les envoyant dans une région qui n´avait pas leur priorité.

Le type d'enseignement qui a été développé en premier lieu par les missionnaires puis dans les écoles indigènes, a contribué à une classe moyenne, la formation professionnelle et pour la production était la seule possibilité de subsistance, mais il estime que cela n'a jamais été traduit en une base solide pour le développement de la région de l´Eezham tamoul.

«C'est un mythe que les Tamouls ont été les favoris des dirigeants et qu´ils ont perçu des avantages sous le règne britannique. Toute personne qui en doute, devrait lire l´analyse des communautés de Ceylan du gouvernement britannique dans le rapport de Donoughmore de 1928. Les Cinghalais du littoral ont été évalués comme la communauté la plus progressiste et ce qui n'est pas surprenant le Ceylan indépendant leur a été remis en 1948.»

«Si les Tamouls avaient été les ‘développés’ et les ‘favoris’, ils auraient vu Eezham même au temps des Britannique», a déclaré l'analyste basé à Colombo, qui ne souhaite pas être nommé en raison de l'interdiction de TamilNet et de la situation en matière de sécurité pour les journalistes et les universitaires au Sri Lanka."